Pratiques Sociales

La Charte et les Propositions

 

Ce groupe se réunit une fois par mois dans le cadre des journées d'Alters. Il est ouvert à tous les praticiens du social.

 

Charte pour la création d'un collectif de recherche et d'innovation en pratiques sociales

(21/09/2008)

 

«Une civilisation qui s'avère incapable de résoudre les problèmes que suscite son fonctionnement est une civilisation décadente», disait Aimé Césaire à l'ouverture de son discours sur le colonialisme (1953), en parlant du sort fait aux colonisés dont il était comme antillais, et aux prolétaires dont il se revendiquait puisqu'il était marxiste.

On pourrait allonger, dans notre société actuelle, la liste: par ex le colonisé, le prolétaire et pourquoi pas «l'handicapé »... Dans ces 3 cas, il y a déni d'humanité et selon les cas, une exclusion, un bannissement, une mise à mort que nos sociétés développées techniciennes promeuvent au nom de nos valeurs issues du Glossary Link mythe du progrès par la science. Nous excluons de la vie sociale collective notre propre progéniture si elle ne correspond pas aux critères de productivité et de performance qu'exige l'illusion de la croissance. C'est une réaction totalitaire.

Dans nos sociétés productivistes, il n'y a de bonne place que si on peut participer au système de production de manière efficace.

Ce constat n'est ni pessimiste, ni optimiste. Il consiste à prendre en compte ce réel social tel qu'il est, non pour se lamenter ou se révolter, mais pour pouvoir agir, en toute humilité, dans le cadre de sa pratique professionnelle qu'il convient de faire évoluer. Changer de proche en proche les mentalités. Colossale révolution culturelle à entreprendre, ou à reprendre.

 

Parallèlement les regroupements de praticiens du social fonctionnent aujourd'hui sur le mode du relationnel et restent aujourd'hui asservis aux dogmes aussi divers soient-ils : énoncés psychanalytiques momifiés, discours psychiatriques scientistes, techniques psychologiques en vogue, quand ils ne sont pas tout simplement fondés sur le corporatisme. Dans le premier cas, c'est le savoir qui fait liant, dans le second, c'est l'agrippement à l'identique.

 

Le lien social propose ici une définition particulière. Il s'oppose à ce que naturellement nous pratiquons dans le colloque interpersonnel, dans la  réalité sociale, où ce qui se pratique le plus souvent est de l'ordre du « relationnel ».

Dans l'optique proposée «relation sociale» et «lien social» s'opposent : La relation sociale se fonde sur l'illusion qu'il pourrait y avoir du «semblable», et sur la croyance en un Savoir, motivé par l'envie où le désir singulier n'a pas droit de cité, pulsion de «pousse-à-savoir» sur le mode paraphrénique dont Freud repérait un avatar sous le terme de «pulsion épistémophilique» (à cette différence près qu'il ne s'agit pas de désir d'en savoir sur le sexe et la conception des enfants, mais d'envie). Ces pulsions poussent à posséder et s'approprier des objets supposés et renvoient rapidement à une destructivité qui s'origine dans le mode de traitement paranoïaque des données.

La relation sociale prolifère dans nos sociétés développées au détriment de l'ordre symbolique. Toujours ambivalente, elle produit une certaine efficacité dans la pratique professionnelle par exemple des «thérapeutes» où il est essentiel de com-prendre l'autre pour « mieux l'aider ou le soigner ». Dans ce type de profession, on est appelé à endosser la position de supposé savoir : Une telle pratique, incantatoire de l'oracle menaçant et persécutant, est inadmissible quand elle devient dans nos disciplines le mode relationnel générique du praticien dans le colloque social, y compris entre collègues.

A l'opposé, seule la pratique du lien social peut permettre à chacun de penser sa praxis et sa pratique dans un réseau hétérogène de praticiens et d'institutions. Ce qui compte dans le colloque humain, c'est ce qui produit le «penser» dans son énonciation singulière d'humain où chacun est incompréhensible à tout autre et à lui-même.

Quand le lien social est à l'œuvre, il se forme, comme dans l'appareil psychique, des effets de remaniements dans le colloque social.

Ce collectif s'inscrit dans un processus de transmission et non de transaction de savoir.

Ce qui devrait être au cœur de son fonctionnement, c'est la relance incessante du penser désirant.

 

La création d'un collectif de recherche et d'innovation en pratiques sociales vise à mettre en œuvre de nouvelles pratiques sociales de nos professions autour de 3 principes fondamentaux:

 

 

 

Ces principes fondamentaux et les concepts qui les soutiennent, constituent la base d'un langage partagé à partir duquel il est possible d'aborder, collectivement, les difficultés existentielles et les souffrances des personnes qui consultent.

 

Une compréhension transdisciplinaire est rendue possible par une approche commune de la question humaine à partir des sciences sociales structurales: anthropologie, linguistique, biologie dans sa dimension structurale, hypothèse de l'inconscient freudienne, qui fondent leur unité dans une anthropologie générale.

 

Il s'agit d'organiser un collectif entre praticiens, fondé sur le «lien social», pour permettre à chacun, dans son champ de travail, de répondre de façon pertinente à des demandes ou attentes adressées. Dans un premier temps, ce collectif aura pour fonction de servir de support à l'élaboration de sa pratique et de la « théorie » singulière qui la soutient. Rapidement, il s'agira de mailler ce réseau de praticiens exerçant en libéral avec des professionnels de santé, d'éducation, de rééducation, d'enseignement du secteur public ou des institutions privées.

 

Ce collectif s'adresse à tous ceux qui, exerçant une pratique sociale, aspire à penser sa praxis et qui s'engage à participer et à développer une structure en réseau, laquelle n'aurait ni centre ni périphérie.

 

À partir de la proposition de Marc THIBERGE du 27 Juin 2008

 


 

Compte-rendu du 34 mars 2012 -voir document PDF, ci-joint :